Etude de la migration congolaise (Centre)

A l'issue de la seconde guerre mondiale, on dénombrait officiellement… 10 Congolais en séjour légal en Belgique. Aujourd'hui, on compte dans notre pays environ 16.000 ressortissants de nationalité congolaise et 25.000 Congolais de naissance devenus belges.

A propos de cette étude:

A l'occasion de l’exposition Be.Welcome, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme (Centre) revient ce 1er juin sur cette migration très spécifique pour la Belgique, en présentant une "Etude de la migration congolaise et de son impact sur la présence congolaise en Belgique".

L'analyse de la nature et de l’ampleur des flux migratoires, mission confiée au Centre par le législateur, fait ressortir des spécificités propres à chaque groupe de migrants, à chaque mouvement, à chaque époque. Elle contribue au développement d’une image plus fine et nuancée de la migration, en net contraste avec le grand pêle-mêle migratoire auquel se réfèrent consciemment ou non les médias, le politique et les citoyens belges en général.

Ce constat des spécificités se vérifie particulièrement lorsqu'on aborde la migration congolaise. Ceci tient à l’histoire commune des deux pays, qui a doté la migration congolaise en Belgique de caractéristiques qu’elle ne partage pas avec les autres types de migration. Une étude démographique développée par le Centre et le Centre de recherche en démographie et sociétés (UCL), présentée ce 1er juin 2010, en dessine les principaux contours.

Contours chiffrés

C’est l’indépendance qui a donné le coup d’envoi des flux migratoires congolais. Alors qu’on comptait à peine 10 Congolais en séjour légal en Belgique à l’issue de la guerre, ils étaient 2.585 en 1961. Ce nombre va augmenter progressivement jusqu'à aujourd'hui, ne rencontrant que deux périodes de stagnation en 1985 et en 1995. En 2008, on comptait 16.132 ressortissants congolais en séjour légal en Belgique, et plus de 25.000 Congolais de naissance devenus belges.

L'étude met aussi en avant l’importance des différentes réformes du code de la nationalité belge dans la présence congolaise en Belgique. Entre 1991 et 1999, on va voir apparaître une augmentation progressive de changements de nationalité liés à la réforme de 1991, qui s'accentuera encore lors de la réforme de 1999. De 2000 à 2002, plus de 8000 Congolais obtiennent la nationalité belge.

Contours historiques

Les premières migrations congolaises, entre 1946 et 1974, sont essentiellement le fait d’étudiants (phénomène de migration estudiantine qui ne se tarira pas), de touristes et de commerçants. Entre 1975 et 1983, période à laquelle la Belgique met fin à la migration économique par contingentements, la migration congolaise se maintient et même augmente, au contraire des autres. Ce décalage s'explique par des motifs de migration différents. On ne peut en effet parler de migration économique pour les Congolais qu’à partir des années 80. C’est également durant cette période que vont apparaître les premiers flux importants de réfugiés, tendance qui marquera aussi les années 90 et 2000, avec des pics de demandes d’asile introduites en 1992-93 et lors de la seconde guerre du Congo, de 1998 à 2003.

Contours sociologiques

La migration congolaise vers la Belgique est passée d’une stratégie de circulation, principalement étudiante, à une stratégie d’installation motivée par les demandes de protection internationale et le regroupement familial. Entre le début des années 60 et la fin des années 80, en effet, on pouvait constater un nombre important de retours de Congolais au pays. A partir des années 90, ces retours sont fortement limités, et les migrants congolais sont davantage dans une logique d’installation et de migration à long terme. Depuis le début des années 90, cette migration congolaise vieillit et se féminise d'ailleurs considérablement.

La migration congolaise est aussi particulièrement diplômée, si on la compare à d’autres groupes de nationalité. L'étude y voit une conséquence logique du caractère estudiantin de la migration congolaise depuis l’indépendance. Pourtant, le taux de chômage de cette population est élevé, ce qui pose des questions tant au niveau de la valorisation de leurs diplômes que de la discrimination sur le marché du travail.

Un autre indicateur est défavorable aux migrants congolais en termes socio-économiques : il s'agit de la surreprésentation des ménages monoparentaux et des isolés, généralement considérée comme un indice de fragilisation sociale et économique.

D'autres questions se posent, notamment du point de vue de la localisation géographique de l’immigration congolaise, surtout orientée vers Bruxelles et la Wallonie. Ainsi, entre 2001 et 2005, cinq communes de la Région bruxelloise ont accueilli 30 % de l’immigration congolaise. On remarque cependant que la population congolaise devenue belge tend à moins se concentrer dans les centres urbains pour s’installer dans la périphérie de ces derniers, vraisemblablement parce qu'elle réside depuis plus longtemps sur le territoire.

Cette étude est disponible en français et en néerlandais.

Auteur: Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme (Centre)
 

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